Cancers du sang, vers une thérapie Car-T plus simple
Un essai pour l’administration d’une thérapie cellulaire in vivo débutera d’ici la fin de l’année. Si cela fonctionne, cela rendra le processus beaucoup plus gérable
Modifier les cellules du système immunitaire pour les rendre plus agressives contre les tumeurs, in vivo, directement dans l’organisme des patients, par perfusion intraveineuse. Rationaliser l’ensemble de la procédure Car-T, un type d’immunothérapie anticancéreuse actuellement assez complexe. C’est l’objectif de l’essai de phase I sur CAR-T in vivo qui vient de recevoir l’approbation des organismes réglementaires australiens.
Thérapies Car-T traditionnelles et in vivo
Les Car-T sont déjà une réalité depuis quelques années dans le panorama des thérapies avancées contre certaines tumeurs hématologiques. Il s’agit de traitements très complexes qui impliquent la collecte des lymphocytes des patients, leur modification en laboratoire pour les rendre plus agressifs contre les tumeurs et leur réinfusion aux patients après lymphodéplétion (c’est-à-dire l’ablation des lymphocytes). Au cours de la procédure, les lymphocytes T sont modifiés en injectant à l’intérieur d’eux un virus inoffensif (qui fonctionne comme un vecteur) qui contient les instructions pour que la cellule produise et exprime un récepteur antigénique chimérique (Car) grâce auquel la reconnaissance et l’attaque par le système immunitaire sur les cellules malades. Le nouvel essai va plus loin et vise à administrer la thérapie Car-T directement aux patients, en éliminant toutes les étapes en laboratoire.
La thérapie arrive là où elle est nécessaire
Le fonctionnement est essentiellement le même que celui du Car-T plus traditionnel, mais le virus inactivé qui transporte le Car contient également des molécules qui permettent à la thérapie d’atteindre exactement là où elle est nécessaire. Autrement dit : à la surface du virus il y a une molécule qui reconnaît une protéine présente sur les lymphocytes T et les cellules NK (les autres globules blancs que la thérapie vise à renforcer), et une autre qui assure la fusion du virus avec ces cellules. . De cette manière, le contenu du virus – le matériel génétique nécessaire à la transformation des lymphocytes – est injecté directement dans les cellules de l’hôte. Comme dans les versions plus classiques, il contient des instructions pour produire le récepteur chimérique destiné à cibler les cellules tumorales (notamment les lymphocytes malades qui expriment la protéine CD20).
L’étude Invise pour les Car-Ts in vivo
L’essai débutera probablement au troisième trimestre de l’année et recrutera des patients atteints de tumeurs récidivantes ou réfractaires affectant les lymphocytes B. Dans cette première phase, l’essai testera la sécurité du traitement sous une forme qui promet d’être plus facile à gérer. et rationaliser les délais, en éliminant les prélèvements, l’envoi au laboratoire et la phase de lymphodéplétion.
La transition des études sur modèles animaux aux essais cliniques est une phase cruciale dans le développement de tout médicament. Un banc d’essai important pour comprendre si la justification et les données recueillies jusqu’alors à l’appui d’une thérapie peuvent résister au test de sécurité d’abord, puis d’efficacité également chez l’homme. Les tests réalisés sur des modèles animaux – souris et primates non humains – pour cette thérapie, administrée par voie intraveineuse, ont montré qu’il était possible d’observer la production de cellules modifiées ainsi que la réduction des lymphocytes B (cible de la thérapie), bien qu’en chez les macaques, c’est la réponse du système immunitaire à Car qui a été observée.
Ce type de réaction n’est qu’un des aspects à explorer lorsqu’on imagine le transport direct de Car-T sur placedans le corps des patients, comme le résumait il y a quelques mois un article paru dans les pages de Tendances en sciences pharmacologiques. D’autres questions à résoudre seront, par exemple, l’analyse des expressions indésirables de la thérapie génique et la compréhension des meilleures voies d’administration.