Cancer, une thérapie génique télécommandée grâce aux ultrasons

Cancer, une thérapie génique télécommandée grâce aux ultrasons

Une nouvelle stratégie a été testée chez la souris, permettant d’activer le système « couper-coudre » de l’ADN uniquement là où cela est nécessaire et améliorant l’efficacité des thérapies CAR-T

Une télécommande, basée sur les ultrasons, pour activer ce que l’on appelle le « couper et coudre » de l’ADN et être sûr que l’édition génétique n’intervient que sur les cellules malades. C’est ce qui a été développé par une équipe de chercheurs coordonnée par l’Université de Californie à San Diego, qui a perfectionné le système Crispr-Cas9 : ces « ciseaux » moléculaires qui ont valu le prix Nobel de chimie en 2020. Emmanuelle Charpentier Et Jennifer Doudnaet qui sont aujourd’hui à la base des thérapies géniques testées, notamment contre les tumeurs.

L’application de ciseaux moléculaires contre les tumeurs

L’un des problèmes non entièrement résolus lors de l’utilisation de Crispr-Cas9 en oncologie est de s’assurer que le système agit exactement là où il est nécessaire et ne cause pas de dommages aux tissus sains. A la recherche d’une solution, le groupe de San Diego a trouvé un moyen de l’activer « à distance » via des ultrasons. Dans le même temps, il a appliqué un système permettant de rendre les cellules tumorales plus reconnaissables par le système immunitaire et d’améliorer l’efficacité de la thérapie Car-T dans les tumeurs solides. L’étude, publiée le Communications naturellesest encore préliminaire mais a montré des résultats prometteurs sur le modèle animal, éliminant complètement les masses tumorales chez les souris de laboratoire.

Double attaque

La stratégie est complexe et comprend plusieurs phases. Tout d’abord, les chercheurs ont conçu Crispr-Cas9 et l’ont inséré dans des vecteurs viraux pour qu’il soit infusé dans le corps. Les modifications apportées au système d’édition visaient à le rendre contrôlable et activé de l’extérieur : grâce à l’application d’ultrasons, et la production de chaleur qui en résulte, Crispr est guidé vers la tumeur et la production de Cas9 y est activée afin que les modifications la génétique est introduite uniquement dans la zone souhaitée. La cible choisie par les chercheurs pour cette expérience était les télomères (des cellules tumorales), c’est-à-dire la partie terminale des chromosomes : en les modifiant, on peut en effet soit provoquer directement la mort cellulaire, soit déclencher une réponse qui fait appel aux cellules immunitaires. éliminer l’anomalie.

Le coup final avec Car-T

En utilisant toujours un système Crispr-Cas9, les scientifiques ont amené les cellules tumorales de souris à augmenter l’expression d’une protéine appelée Cd19. C’est la cible des thérapies Car-T (globules blancs prélevés, modifiés en laboratoire et réinjectés) qui ont reconnu, attaqué et complètement éliminé les cellules tumorales. Comme le rapportent les auteurs dans les pages de Communications naturellesla stratégie combinée s’est avérée très efficace pour éliminer les tumeurs sous-cutanées dont les animaux étaient atteints : toutes les souris traitées ont survécu, tandis que les souris témoins n’ayant subi que la thérapie Car-T ont enregistré un taux de survie de 40 %.

Mais ça prend du temps

Bien que les résultats de l’étude soient prometteurs, il est beaucoup trop tôt pour prédire si et quand cette stratégie combinée pourra être appliquée aux humains. Les auteurs eux-mêmes soulignent la nécessité de se concentrer sur l’amélioration des techniques utilisées, qui pourraient à l’avenir également s’appliquer à d’autres thérapies que celles à base de cellules Car-T.