Qu'est-ce que le bruit rose et pourquoi est-il si important pour le cœur

Qu’est-ce que le bruit rose et pourquoi est-il si important pour le cœur

Ce n’est pas seulement la durée de votre sommeil qui importe, mais aussi la qualité de votre sommeil. Les tons de bruit rose, c’est-à-dire le crépitement de la pluie ou les feuilles bougeant dans le vent, pourraient aider à prévenir les crises cardiaques et l’insuffisance cardiaque. Une étude émet l’hypothèse que la fonction cardiaque s’améliore grâce à la stimulation sonore

Si l’on considère uniquement la mécanique, le bien-être du cœur et de notre corps réside dans la contraction et la relaxation continues, régulières et efficaces du muscle cardiaque. Qui se répète à chaque battement. En se contractant, le cœur pousse le sang vers tout le corps, même jusque dans les recoins les plus éloignés, grâce à l’action du ventricule gauche. En se relaxant, on se remplit à nouveau. Et ainsi de suite, environ 70 fois par minute. Parmi les différents facteurs pouvant influencer indirectement ces mécanismes, il en est désormais un qui semble insoupçonné. Il s’appelle bruit rose. Elle est déterminée par les sons les plus équilibrés et qui ont pour fonction de nous calmer. Comme le doux tic-tac de la pluie, le bruissement des branches dans les rafales de vent, l’eau qui tombe d’une cascade. Une étude menée par des experts de l’École polytechnique et de l’Université de Zurich montre que soumettre des sujets sains à du bruit rose pendant leur sommeil nocturne favorise un sommeil profond. Et avec elle la fonction cardiaque, mesurée grâce à la contraction du ventricule gauche observée par échocardiographie. La recherche, coordonnée par Stéphanie Huwiler, Christian Schmied et Caroline LustenbergerA été publié leJournal européen du cœur.

Une étude sophistiquée

L’analyse a porté sur 18 hommes adultes en bonne santé qui sont restés trois nuits consécutives dans un laboratoire pour enregistrer leur sommeil et leur activité cérébrale. Tout le monde faisait également vérifier régulièrement sa tension artérielle et sa fréquence cardiaque la nuit. Deux nuits, la stimulation sonore a été effectuée, une non. Ainsi chaque sujet est devenu « contrôle » de lui-même. Notamment, grâce à un programme informatique, les phases ont été identifiées Sommeil profond. Pendant cette période, le système a émis une série de tonalités très courtes à des fréquences typiques du bruit rose, durant 10 secondes suivies de 10 secondes de silence. Le bruit rose s’est arrêté dès que l’enregistrement des ondes cérébrales a signalé la fin du sommeil profond.

Le bon son coulait sur le cœur

Résultat : le bon « son » a influencé le cœur et son activité. Huwiler elle-même le confirme dans une note : « Lors de la stimulation, nous constatons clairement une augmentation des ondes lentes, ainsi qu’une réponse du système cardiovasculaire qui ressemble à une pulsation. » Mais tout cela a également été confirmé par échocardiographie. En effet, l’examen a démontré que le ventricule gauche subissait une déformation plus intense après une stimulation nocturne. Comme pour dire que le cœur, grâce au bruit rose, fonctionnerait mieux. C’est la première fois qu’il est démontré une augmentation de vagues lentes typique du sommeil profond améliore la fonction cardiaque. Déjà après une nuit d’observation. Le « bruit rose » pourrait en fait améliorer la fonction cardiaque.

Le « bon » sommeil pour la prévention cardiovasculaire

L’étude, il faut le dire, n’a examiné qu’une petite population masculine. Aucune femme n’a été impliquée, également parce que des ondulations du rythme du sommeil liées aux flux hormonaux ou à la ménopause pourraient affecter les résultats. Lustenberger elle-même le révèle dans une note : « quand on ne travaille qu’une nuit par semaine pendant trois semaines, les effets du cycle menstruel pourraient masquer l’effet de la stimulation dans ce type d’étude initiale ». Cette précision apportée, la recherche pourrait être très utile, notamment pour les sujets à risque cardiovasculaire : la modulation « sonique » du sommeil pourrait en effet contribuer à mieux accompagner fonction cardiaque. Et ce n’est pas tout : le cerveau, comme nous le savons grâce à d’autres recherches, améliore ses performances s’il dispose d’un espace dédié au sommeil profond.

Qui risque le plus ?

La stimulation par bruit rose, aux tonalités faibles et constantes, pourrait donc être utile à tous les âges. Mais c’est un candidat pour être un soutien naturel au sommeil chez les personnes âgées. Chez les personnes âgées, en effet, outre la réduction de la durée du sommeil, la modification de l’architecture naturelle du repos nocturne se produit plus fréquemment. Au fil du temps, en général, on constate une réduction du pourcentage de sommeil profond, celui qui détend réellement le corps, avec une augmentation des activités classiques de la phase REM, dans laquelle on rêve. C’est pourquoi lorsqu’on a les cheveux gris, on se réveille davantage la nuit et on se sent plus facilement fatigué pendant la journée, comme si on n’avait pas bien dormi. Le sommeil, en effet, se caractérise par une cascade d’événements qui se succèdent selon des cycles bien établis. Chaque cycle, qui dure environ une heure et demie, est composé d’une phase sommeil non paradoxal et une phase de Rem dort, celui dans lequel les yeux bougent, le corps se comporte comme s’il était éveillé et on rêve. Mais la phase REM n’occupe que 20 pour cent de l’ensemble du cycle. Dans la phase non paradoxale, cependant, quatre périodes se succèdent : les deux premières de sommeil léger, dans lesquelles même un bruit suffit à se réveiller, les troisième et quatrième de sommeil profond. Et c’est précisément sur ces deux phases que, grâce aux bons stimuli sonores, nous pouvons agir pour un cœur plus sain.