Cancer du côlon, dépistage et tests génétiques pour découvrir les formes héréditaires
Le cancer colorectal peut être héréditaire. La polypose adénomateuse familiale et le syndrome de Lynch sont en effet des maladies rares et héréditaires qui augmentent le risque de développer une néoplasie, même à un jeune âge. C’est précisément dans ces cas-là que le dépistage et la génétique font la différence : grâce à des analyses de sang sophistiquées, il est aujourd’hui possible d’identifier les mutations spécifiques à l’origine des deux affections. Ces tests biomoléculaires, réalisés uniquement dans des centres de référence accrédités, permettent un diagnostic précoce et la mise en place d’un parcours de soins personnalisé.
Qu’est-ce que la polypose
La polypose adénomateuse familiale est caractérisée par la présence d’un « tapis » de polypes bénins dans le colorectum. Ils apparaissent généralement entre 10 et 25 ans et peuvent se transformer en cancer en 10 ans. La maladie est causée par une mutation génétique du gène APC et, dans des formes encore plus rares, par une mutation du gène MUTYH. Les porteurs de mutations du gène APC ont 50 % de chances de transmettre la maladie à chacun de leurs enfants ; cependant, dans le cas de la mutation MUTYH, il est nécessaire que les deux parents transmettent la mutation pour que l’enfant développe la maladie.
La coloscopie permet de reconnaître la présence de polypes dans le côlon et le rectum, mais la confirmation du diagnostic est obtenue après des tests génétiques. Si la mutation génétique est identifiée, comme dans la majorité des cas, l’équipe médicale invite à étendre le test à tous les membres de la famille au premier degré, pour identifier les porteurs de la maladie et les inclure dans les programmes de dépistage et de surveillance.
Qu’est-ce que le syndrome de Lynch
Le syndrome de Lynch est en revanche déterminé par une mutation des gènes Mismatch Repair, les réparateurs de l’ADN, qui prédispose au développement de tumeurs dans divers organes, en particulier le côlon, le rectum et l’endomètre, mais aussi (avec une fréquence plus faible) dans l’estomac, les ovaires, reins, intestin grêle, pancréas, voies biliaires, sein et prostate. Dans ce cas, les signes avant-coureurs sont des antécédents familiaux positifs de cancer colorectal, d’autres tumeurs du spectre du syndrome, un cancer colorectal ou de l’endomètre avant 40 ans, le développement de multiples tumeurs primitives affectant le côlon. Les critères cliniques utilisés aujourd’hui pour sélectionner les sujets à dépister permettent d’identifier environ un tiers des patients touchés par le syndrome.
Le parcours au centre Ifo de Rome
« Les démarches de dépistage de ces syndromes rares offrent une opportunité de prévention à soutenir, à élargir et à diffuser afin de réaliser des diagnostics précoces et d’entreprendre un parcours de soins personnalisé », souligne Vittoria Stigliano, Responsable de l’IRE Gastroentérologie et Endoscopie Digestive et Représentant des Maladies Rares de l’Institut National Regina Elena (IFO) de Rome, où est active depuis plus de 40 ans une clinique dédiée aux tumeurs héréditaires du système digestif (qui est également Centre de Référence depuis 2005 Régional au sein du Réseau National Maladies Rares). Toutes les patientes opérées d’un cancer colorectal ou de l’endomètre sont soumises à un test moléculaire sur la pièce chirurgicale et, en cas de résultat positif, un test génétique est effectué sur le sang. « Dans notre clinique, 390 patients atteints du syndrome de Lynch et 250 patients atteints de polypose adénomateuse familiale ont été traités – explique Stigliano – mais nous suivons également toutes les autres formes de polypose comme la polypose juvénile, la polypose multiple, la polypose dentelée, de Peutz Jeghers, les tumeurs familiales. du côlon, des tumeurs héréditaires familiales ou suspectées de l’estomac et du pancréas. À l’heure actuelle, environ 700 patients, tant atteints que porteurs, sont suivis ». Actuellement, conclut l’expert, la Région du Latium, en s’adaptant au National Oncologie Plan, évalue la faisabilité d’un parcours structuré dans le cadre d’un dépistage en population générale.