Tumeurs, comment et pourquoi demander un deuxième avis

Tumeurs, comment et pourquoi demander un deuxième avis

80 % des oncologues fournissent un « deuxième avis » à un collègue. une pratique qui peut apporter des bénéfices. Elle doit être abordée par le dialogue entre le patient et le spécialiste.

Le patient a le droit d’avoir un deuxième avis. Il est du devoir du clinicien de ne pas confondre le patient qui ne doit jamais être mis en difficulté. L’éthique du deuxième avis, c’est-à-dire comment cette opportunité doit être gérée par les spécialistes et les patients, est au centre de la conférence nationale « Le Giornate dell’Etica AIOM 2023. L’éthique du deuxième avis : 5 ans après », qui est tenue à Loreto (AN) avec la participation de cliniciens, patients, magistrats et journalistes. Pour comprendre l’ampleur du phénomène, l’Association italienne d’oncologie médicale (AIOM) et la Fondation AIOM ont mené une enquête auprès de 200 spécialistes, d’où se dégage un tableau important : 81 % des oncologues déclarent avoir reçu une réponse d’autres collègues à la demande de  » deuxième opinion ». Parmi ces prestations, 75 % ont été réalisées avec des visites en présence du patient. Cependant, 21 % des cas ont été réalisés grâce à l’analyse de la documentation clinique et à une discussion ultérieure avec un proche/soignant. Cela n’est arrivé que dans 4 % des cas par téléconsultation ou par d’autres formes de télémédecine. 64 % des deuxièmes avis ont été fournis par le service national de santé et les 36 % restants par des indépendants. Moins de la moitié des patients (47 %) informent leur médecin seulement après avoir obtenu le deuxième avis.

Quand et comment demander un deuxième avis

« Il existe diverses raisons bien fondées pour lesquelles un spécialiste recourt à une deuxième opinion – souligne Saverio Cinieri, président national de l’AIOM -. Dans 78% des cas, en effet, c’est l’oncologue lui-même qui conseille à son patient de se rendre chez un confrère pour une consultation. Les choix thérapeutiques sont devenus de plus en plus complexes grâce à l’introduction constante de nouveaux traitements. Cela est particulièrement vrai pour les tumeurs rares qui touchent au total plus de 900 000 hommes et femmes dans notre pays. La prise en charge clinique de ces tumeurs, ainsi que celle des sarcomes, est très complexe et la bonne expertise de l’oncologue est absolument nécessaire. Il est important qu’un médecin comprenne certaines de ses propres limites et sache quand il est le plus approprié d’orienter le patient vers un deuxième spécialiste. Cependant, des demandes de deuxième avis surviennent également dans le traitement de formes de cancer plus fréquentes. Dans ce cas, les directives officielles offrent de nombreuses options, dont le choix peut également être fait avec l’aide d’un collègue plus expérimenté ». Il est très important – souligne encore l’oncologue – de discuter avec l’oncologue de la décision de demander un deuxième avis et d’apporter avec soi toute la documentation, pour que tu choisisses d’aller consulter un spécialiste capable de donner un avis compétent et que le médecin consulté puisse donner une évaluation complète de la situation.

Les risques

Demander un deuxième avis est un droit légitime de tout patient et il est donc du devoir de notre système de santé de le garantir. « Dans certaines situations, cependant, cette pratique n’apporte aucun bénéfice et pourrait plutôt augmenter le risque de ralentir le processus diagnostique et thérapeutique. D’autres fois, cependant, cela garantit des avantages cliniques ainsi qu’un retour psychologique positif. En fait, cela attribue au patient et aux soignants la perception d’exercer de manière indépendante un choix légitime », déclare Giordano Beretta, président de la Fondation AIOM. Cependant, il peut également y avoir des divergences entre le premier et le deuxième avis, ce qui entraîne d’autres complications. Il existe également le risque que le patient suive des conseils cliniques inappropriés. « Tous ces aspects complexes doivent être abordés à travers un dialogue constructif entre médecin et patient. Les deux ne doivent pas avoir une attitude préjudiciable à l’égard du recours à des deuxièmes avis. Ce n’est qu’ainsi qu’il est possible d’utiliser un outil important qui peut être d’une grande aide », souligne Beretta.

Attention aux coûts

Il arrive souvent que les visites de deuxième avis soient payées par les patients et que des tests ou des médicaments autres que ceux prescrits par l’oncologue traitant doivent également être payés par les patients. La toxicité financière qui peut être associée à la deuxième opinion ressort clairement de l’enquête et sera l’un des sujets abordés par les experts réunis à Loreto. A la fin des deux jours, sera relancé le Décalogue du « Deuxième Avis » en Oncologie élaboré en 2018 à Raguse. « Il s’agit d’un document composé de dix règles simples qui s’appliquent aussi bien lorsque le médecin demande un deuxième avis que lorsque le patient en demande un – conclut Filippo Pietrantonio, conseiller national de l’AIOM. Il se veut donc un outil d’aide et de soutien concret pour tous les spécialistes. Le conseil général que nous souhaitons donner aux oncologues italiens est d’accepter le résultat du deuxième avis. Il faut alors en discuter de manière claire et exhaustive avec le patient, surtout lorsque les deux avis sont divergents. »