Neutropénie Et Précautions À Prendre

La neutropénie est une baisse importante des globules blancs(dit aussi leucocytes) appelés polynucléaires neutrophiles dans le sang. Les globules blancs sont utiles pour détruire les microbes, virus du corps.

Les valeurs normales moyennes des neutrophiles sont de 2000 à 7000/ mm3 .

Quand ce nombre chute en dessous de 1 500 on est en présence de neutropénie. Cette neutropénie devient « sévère » et dangereuse quand on descend en dessous de 500 et à moins de 300 les risques d’infections sont importants.

On parle de neutropénie fébrile quand la température du corps est supérieure ou égale à 38°

LE RISQUE INFECTIEUX

Pourquoi ?
Les globules blancs jouent un rôle important dans la lutte contre les infections. Quand leur nombre diminue on augmente le risque de développer une infection ou on n’arrive pas à combattre une infection déclarée

Les périodes « critiques »
Au cours d’un traitement de radiothérapie ou de chimiothérapie, le nombre de globules blancs peut chuter parfois à des taux très bas. La période critique appelé « nadir » se situe en général entre le 8 et le 14ème jour après la chimio.
Comme en général nous sommes chez nous pendant cette période, il est important de contrôler régulièrement le taux de globules blancs et plus particulièrement . En cas de forte baisse il y a des précautions à prendre.

Si le taux n’est pas remonté suffisamment pour la chimio suivante, l’oncologue peut repousser la cure

Il peut-être utile d’appeler son médecin quand les signes d’infections suivants apparaissent

fièvre ;

hypothermie ;

frissons ;

mal de gorge, toux, douleur auriculaire (otite), écoulement nasal, douleur à la palpation des sinus ;

maux de tête, confusion, raideur de nuque ;

essoufflement, difficulté respiratoire ;

éruption cutanée ;

chaleur, rougeur, douleurs localisées, en particulier en regard du port à cath ;

urines troubles ou avec présence de sang, difficulté à uriner ou douleur en urinant ;

écoulement vaginal ;

diarrhée.

Un seul signe suffit pour contacter votre médecin.

Lorsqu’après 48 heures de prise d’antibiotiques, les signes cliniques d’infection persistent, appelez votre médecin hospitalier (oncologue, neuro-oncologue, radiothérapeute).

Demandez l’avis de votre médecin avant un geste dentaire, une vaccination, ou pour toute prise de médicament qui pourrait masquer les signes d’infection (paracéramol, anti-inflammatoires).

Précautions à prendre en cas de neutropénie

  • Ne pas prendre, sans l’avis de votre médecin, de paracétamol ou d’ibuprofène en cas de neutropénie associée à des signes d’infection car ces médicaments masquent la fièvre et ne permettent pas de surveiller l’efficacité des antibiotiques.
  • Faire vos prises de sang au rythme indiqué par votre médecin hospitalier. Celles-ci peuvent être plus rapprochées que d’habitude.
  • En période de neutropénie, sortir de chez vous mais en évitant les lieux publics au moment de leur fréquentation maximale (transports en commun et magasins aux heures de pointe).
  • En période de neutropénie et/ou d’infection, éviter les salles d’attente de laboratoires, de médecin ou des urgences en raison du risque infectieux (pour vous et pour les autres patients). Faire vos prélèvements sanguins à domicile.
  • Lavez-vous les mains fréquemment, en particulier avant de cuisiner, de manger, après être allé aux toilettes, vous être mouché, avoir éternué, toussé ou touché des animaux.
  • Utiliser des lingettes désinfectantes si vous ne pouvez facilement vous laver les mains.
  • Utiliser des lingettes désinfectantes dans les lieux publics si vous utilisez un téléphone public, un distributeur de billets, etc.
  • Eviter de fréquenter des personnes infectées. En particulier, éviter d’approcher quelqu’un sujet à la grippe, la rougeole et la varicelle. Ne pas approcher les enfants qui viennent d’être vaccinés avec un vaccin vivant atténué (polio, varicelle). Appeler votre médecin en cas de doute.
  • Essayer de ne pas vous couper ou vous blesser. Utiliser un rasoir électrique pour vous raser.
  • Surveillez la peau en regard de votre port à cath.
  • Maintenir  une hygiène bucco-dentaire excellente en vous lavant les dents après chaque repas et le soir au coucher. Utiliser des bains de bouche sans alcool.
  • Eviter d’aller chez le dentiste en dehors d’une urgence. Prévenez votre médecin hospitalier dans tous les cas.
  • Prenez soin de votre peau. Désinfectez-la en cas de plaie ou de boutons (sans toucher, gratter ou presser ceux-ci). Pour désinfecter, utilisez de l’eau chaude, du savon puis un désinfectant.
  • Se laver les mains après un contact avec un animal domestique. Essayer de ne pas être en contact direct avec les déjections de celui-ci ou avec des cages d’oiseaux et des litières de chat.
  • Ne pas se faire vacciner sans l’avis de votre médecin.
  • Replacer rapidement dans le frigidaire tout aliment frais. Ne replacer aucun aliment décongelé dans le congélateur.
  • Laver les aliments qui seront consommés crus (légumes et fruits). Eviter même d’en manger
  • En période de neutropénie, ne pas consommer de viande, poisson, crustacés ou œufs peu cuits ou crus.

Hospitalisation

Une hospitalisation sera planifiée en urgence en cas de neutropénie fébrile si la fièvre persiste au-delà de 48 h de prise d’antibiotiques.

Vous risquez de vous retrouver en chambre seule et les visiteurs seront soumlis à des règles d’asepsie srictes Cette hospitalisation permettra de faire des prélèvements (urines, sang, etc.) en fonction des points d’appel clinique afin d’isoler le germe en cause. Les antibiotiques seront alors adaptés au germe isolé et administrés par voie intraveineuse pour plus d’efficacité.

Si l’infection est mal contrôlée, un support par facteurs de croissance de type G-CSF (Neupogen®, Granocyte®) sera associé au traitement antibiotique. Ces facteurs permettent à votre moelle osseuse de fabriquer plus rapidement des neutrophiles et de passer le cap infectieux plus rapidement.

Lors de la prochaine cure de chimiothérapie, afin d’éviter que ne se reproduise une neutropénie fébrile, votre oncologue pourra soit diminuer les doses de votre traitement, soit ajouter un support systématique par G-CSF (Neupogen®, Granocyte®, Neulasta®) pendant l’intercure.

LES FACTEURS DE CROISSANCE MÉDULLAIRES

Les facteurs de croissance médullaires stimulent le développement et la maturation des globules blancs. En augmentant la production des globules blancs, les facteurs de croissance peuvent réduire le risque de développer une infection. Ils peuvent aussi être utilisés pour réparer une aplasie médullaire.

Ils peuvent vous êtes prescrits, dans plusieurs circonstances :

En prophylaxie primaire, cela sera le cas si votre chimiothérapie est intensifiée (doses plus fortes) ou densifiée (doses plus rapprochées)

En prophylaxie secondaire, si le taux de vos globules blancs polynucléaires passe au-dessous d’un seuil critique ( 0,5 x 109/l), au décours du traitement

A titre curatif, si vous présentez une neutropénie fébrile.

Les produits commercialisés en France sont les suivants

Le lénograstim (Granocyte™) est une molécule recombinante ( rHuGCSF) glycosylée comme la forme endogène de GSF

Le filgrastim (Neupogen™) est le rHuGCSF qui n’est pas non glycosylé et les biosimilaires RatiograstimTM et ZarzioTM.

Le pegfilgrastim (Neulasta™) est la forme pégylée du filgrastim et ne nécessite qu’une seule injection par cycle de chimiothérapie.

Les G-CSF sont administrés par injection sous-cutanée tous les jours sauf le Neulesta™ qui ne requiert qu’une injection à la fin de la chimiothérapie et par cycle de chimiothérapie.

Le traitement débute le jour suivant la chimiothérapie et dure le temps nécessaire pour obtenir une augmentation des globules blancs.
Vous pouvez faire pratiquer l’injection par une infirmière ou vous pouvez faire l’injection vous-même, après avoir demandé à l’équipe soignante de vous apprendre la technique. Un membre de votre famille peut être formé pour faire les injections à votre domicile.

Les effets secondaires possibles

Ils sont bien tolérés avec peu de réactions générales ou de réaction d’hypersensibilité. Cependant, il faut savoir que ces médicaments peuvent être à l’origine de douleurs osseuses, surtout en période de réparation de la neutropénie qui s’atténuent avec le temps.

Si cela est votre cas, signalez le, votre médecin pourra, alors, vous prescrire des médicaments contre la douleur.

Si l’utilisation se fait sur de longues périodes, des ostéopénies (diminution de la masse osseuse) ont été décrites ce qui imposera la réalisation d’une densitométrie osseuse pour suivre son évolution et décider d’éventuelles mesures correctrices.